AKTE ONE

AKTE ONE découvre le graffiti writing pendant son adolescence à Berlin au début des années 90. Il peint des graffiti dans l‘espace urbain en tant que membre de différents groupes comme TLB. Dans le milieu, il est reconnu grâce à son art du graffiti depuis 25 ans et démontre également du talent en tant que rappeur. Il produit plusieurs albums et AKTE est aujourd‘hui un représentant des plus établis de la scène HipHop et Graffiti de Berlin. Mis à part son travail artistique, il lui est très important de communiquer cette culture aux jeunes notamment par des ateliers qu‘il anime.

Créateur de panneaux publicitaires à ses débuts, AKTE fut influencé par la typographie qu‘il intègre depuis dans ses travaux artistiques. Il développe toujours et encore l‘écriture et le lettrage sous forme d‘esquisses ou de graffiti, invente son logo a!, qui depuis marque presque toutes ses œuvres. AKTE, en parallèle à sa pratique dans l‘espace urbain, découvre le petit format sous forme de toile pour de nouvelles expérimentations en atelier et développe ainsi de nouvelles techniques.

Lettering (lettrage) et Hand Styles (style d‘écriture) restent le thème principal de ses œuvres. Jadis sur les murs, les mots sont appliqués ici sur toiles en Wildstyle bidimensionnel esquissés ou avec un début de tridimensionnalité sur des fonds abstraits de couleurs, qu‘il réalise avec acrylique et peinture en aérosol. Le feutre marqueur reste également son outil pour le dessin, avec lequel AKTE précise les contours de manière méticuleuse sur un fond abstrait découpé en zones géométriques de couleur. Les coups de pinceaux ainsi que les coulures de peinture ajoutés laissent apparaitre plusieurs espaces colorés et différentes couches dans l‘image créant de la profondeur.

Dans une autre série les lettres colorées semblent flotter. En vrac, détachées du mot, accumulées sur le sol ou virevoltant dans l‘espace. Comme des objets, elles remplissent l‘espace de la toile ou se dissolvent en couleurs pures. Des personnages de bande dessinée – graffeurs bombe à la main – apparaissent dans certains travaux en tant que sujet au premier plan ou bien comme dans la série  „Innerframes“,  de manière anecdotique et humoristique  à  côté  des lettres. Dans cette série les motifs principaux figuratifs, comme une main avec bombe ou un Smiley, se trouvent devant un cadre peint effet marbre dans l‘image. Ici AKTE joue avec l‘image encadrée dans l‘image et les niveaux de lecture. La composition est ici très structurée, le style BD ainsi que le remplissage des espaces avec les structures propre à l‘artiste rappellent l‘ influence du Pop Art.

Certaines œuvres de AKTE sont très abstraites, uniquement certaines lettres en style esquisse 2D Wildstyle semblent être un détail figuratif gravé  dans l‘espace coloré. Dans d‘autres images des petites lettres calligraphiées en rangs composent le fond. Dans d‘autres œuvres le mot et la figuration ont complètement disparu pour laisser place à des espaces colorés se fondant l‘un dans l‘autre avec quelques lignes appliquées librement à main levée à la bombe. Les valeurs de couleurs CMYK ainsi que des gradations de teintes font partie de sa palette  de couleur ainsi que des effets de structures  en tons gris qu‘il utilise parfois en tant que fond et qui rappellent les murs gris sales en béton de la ville, sur lesquels les couleurs vives provoquent plus de contraste.

Libre, riche et variée, la „peinture-assemblage“ développée par l‘artiste dans son  atelier,  montre par la maitrise de l‘abstraction et une technique mixte des compositions colorées avec lettrages Wildstyle, personnages BD, Tags, espaces colorés, rayures, égratignures, éclaboussures et  coulures. Le jeu avec le nouveau et l‘ancien, le fade et le vif, l‘harmonie et le chaos fait ressentir la dynamique,   la joie d‘expérimentation et la spontanéité du procédé pictural de l‘artiste. La peinture de AKTE incite l‘observateur à examiner et à contempler longuement les œuvres. Les „citations“ du langage Graffiti d‘AKTE témoignent de son assimilation de la culture HipHop depuis de nombreuses années.

©Katia Hermann, historienne d’art